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Bertrand Vignon, ludothécaire
vendredi 12 mars 2010
S’attabler autour d’un jeu avec des amis, voilà ce que nous souhaite la Maison des Jeux, un collectif d’associations ludiques nantaises. Pour cela, elle propose des multiples jeux, en particulier lors des soirées En-jouez vous ?. Bertrand Vignon, trentenaire, ludothécaire à la Maison des jeux, dresse pour nous le portrait d’une Cité des Ducs qui fait la part belle aux jeux d’auteurs.
photo : Bertrand Vignon et son coup de coeur : le jeu Boomerang.
Vous êtes ludothécaire... Ce n’est pas vraiment un métier banal. Comment en-êtes vous arrivé là ?
Ce n’est pas un métier extraordinaire. Alors pourquoi les jeux ? Parce que le monde culturel m’intéressait. J’ai une formation d’animateur culturel. Et pour moi, il y a un champ à explorer, qui est assez peu exploité, ce sont les pratiques culturelles ludiques. Voilà pourquoi je me suis tourné vers ce métier : pour faire en sorte que le jeu soit compris comme une pratique culturelle à part entière.
Depuis combien de temps existe la Maison des jeux, là où vous travaillez ?
Depuis 2002. Mais tout cela avait commencé avant, puisqu’en 1999, cela fait déjà onze ans, avaient eu lieu les premières soirées En-jouez vous ?.
Quel est le lien entre ces soirées et la Maison des Jeux ?
Et bien, les soirées sont une activité de la Maison des jeux, à la fois une activité historique puisque c’est ainsi que tout a débuté, mais aussi parce que cela a participé au développement de la Maison. Jouer dans les cafés, c’est le meilleur lieu.
D’ailleurs c’est l’objectif de base : que les gens jouent à nouveau dans les cafés. Il faut savoir que de tout temps, les gens ont joué dans ce genre d’endroits. On a même retrouvé des jeux dans des tavernes d’il y a plusieurs siècles. Nous, on a vu que les gens y jouaient de moins en moins. Même si ici, il y avait la boule nantaise (c’étaient surtout des vieux, et cela prenait du temps), ou encore les échecs... Depuis très longtemps, il y a un échiquier dans les cafés ! Le but des soirées, c’était d’amener d’autres jeux. On peut dire que c’est un but atteint, car maintenant on voit que les gens amènent leurs jeux, viennent avec des potes. On a envie que les gens déculpabilisent, puissent ouvrir un jeu, que ce soit normal.
Il y a un bar historique des Soirées En-Jouez vous ?
Le Treize et Trois à Bouffay, c’est en fait le dernier des bars avec lesquels on a débuté. Mais on a encore des bars où on fait des soirées, il y en a d’autres. Durant ces soirées, il y a toujours un serveur de jeu. Le but est de permettre de choisir un bon jeu, et d’expliquer les règles.
Vous proposez des choses assez différentes des jeux classiques...
Vous savez, pour nous, le Jungle Speed, l’Extra, la Tortue, c’est-à-dire les jeux qu’on a commencé à ramener au début en 1999, pour nous ce sont des classiques, des best-sellers, ce sont des vrais succès. En fait ce qui nous manque aujourd’hui, c’est que la presse parle des jeux au même titre que le ciné, les sorties : c’est de la culture.
Nous, on travaille sur les jeux d’auteurs. Pour définir ça, disons qu’on n’a pas un « produit  ». La différence c’est la même que d’aller voir un film au Katorza plutôt qu’au Gaumont.
Et justement, vous avez eu un coup de coeur récemment sur de tels types de jeux ?
Les deux jeux qui ont gagné au festival de Saint-Herblain ! Dice town, de Bruno Cathala et Ludovic Maublanc, et les Trois Mousquetaires de Pascal Bernard. Ce sont les deux jeux les plus intéressants. Sinon, mon coup de cœur perso, c’est Boomerang de Dominique Erhard, un auteur qui s’est installé dans le coin. Il y a trois ou quatre ans, à un vernissage, j’avais déjà vu ce jeu. Dominique Erhard avait ramené un prototype, et ce n’est qu’aujourd’hui qu’il le sort. On est vraiment sur un objet très bien finalisé. C’est un jeu de cartes, de prise de risque et de stratégie. Il y a un peu de hasard mais pas tant que ça.
Vous disiez que Dominique Erhard s’était installé près de Nantes. Cela veut-il dire que l’activité locale du jeu est dynamique et attirante ? Qu’est-ce qui concrétise ce dynamisme ?
Oui, il y a vraiment quelque chose de dynamique à Nantes, et cela pour quatre raisons. Il y a ici un public assez large qui achète des jeux d’auteurs. Ensuite, il y a le Festival de Saint-Herblain, un événement assez exigeant avec un public très joueur. D’autres évènements aussi, comme les Utopiales, qui laissent un peu de part au jeu. Et Nantes est une ville assez ouverte culturellement, il y a un brassage. Il y a à Nantes pas mal de choses, comme la Maison des Jeux ou les ludothèques.
Il y a des projets en cours pour En-jouez vous ?
Oui, on est en train de mettre en place un projet qui se passera à Clisson le 233 juillet : la Nuit des Loups-Garou. On investit le château de Clisson, avec 8 salles où les gens pourront jouer au Loup-Garou. Mais ce sera à chaque fois un peu différent, les cartes changeront, les meneurs aussi. Ca durera jusqu’à une heure du matin. Le public, c’est plutôt ados-adultes.
Et sinon, il y a toujours les soirées ! La semaine prochaine, j’ai l’intention de faire découvrir deux jeux : Cyrano et Bommerang. Toujours des nouveautés !